CraCra
c'est
le clown blanc.

mOmO
c'est l'Auguste.

LE POINT "SPÉCIAL DOUAI"


CRACRA & MOMO dans le Point cette semaine

Douai

Cracra et momo,

apôtres des pitres

En piste. Yannick Hornez est le Momo d'un duo de clowns fédérateur et décalé. Il s'apprête à faire ses débuts à la télé.

par Éric Maitrot
Au bout de la rue, l'ombre de la maison d'arrêt de Cuincy, la « villa Chagrin » comme on la surnomme ici. Puis une petite maison de brique qui abrite une famille d'artistes. Lui, Yannick Hornez, le clown Momo du tandem Cracra et Momo ; elle, Juju , passionnée de vitrux.
Yannick Hornez, c'est le poisson-pilote de la culture parallèle douaisienne. L'ami de tous. Avec Cracra, ils se sont connus à l'école normale de Douai il y a vingt-cinq ans : « Lui comme moi, raconte Momo, on voulait retrouver les clowns de notre enfance, le souvenir des numéros des Bario que je regardais à la télévision avec mon grand-père Vaclav, un mineur tchèque qui m'a élevé à Dechy. » Momo, c'est l'auguste ; Cracra, le clown blanc : « J'ai toujours voulu être l'auguste, raconte Yannick. C'est un personnage enfantin, gentil, qui n'est pas soumis aux contraintes du monde... »
En 1990, Yannick et Cracra créent une association pour « aller dans les écoles à la rencontre des enfants ». Au fil des années, ils élargissent leur clientèle aux comités d'entreprise, aux centres culturels et aux agences d'événementiel. Puis ils se lancent dans l'organisation de soirées de gala : « Nous, ce qu'on aime, s'enflamme Yannick, c'est faire venir tous nos amis du music-hall dans notre ville, au Théâtre de Douai, un théâtre à l'italienne... » La municipalité leur prête le théâtre et son personnel, et le duo peut inviter les plus grands clowns du monde : Toto Chabri, Buffo (l'écrivain Howard Buten), les Rossyann. En janvier, ils réussissent à attirer David Larible, clown d'or au festival de Monte-Carlo, qui leur demande de faire sa première partie. « Larible, c'est le meilleur, c'est du niveau d'un Charlie Chaplin, par ailleurs guitariste passionné de free jazz et de musique expérimentale. Tu peux le voir vingt fois de suite, tu ne te lasses pas... »
« A Douai, on est considérés comme des marginaux, admet pourtant Yannick. Pour beaucoup de monde, faire rire les gens, c'est pas sérieux. On n'y peut rien, c'est ancré dans la tradition chrétienne. » Désireux de faire bouger les frontières, Yannick Hornez imagine de nouveaux mélanges. « Ce qu'on ne voyait pas ici, on a décidé de l'organiser de façon indépendante, en dehors des structures culturelles... »
Trois univers
En novembre 2007, il mixe trois univers : la bande dessinée, l'oenologie et la gastronomie. Yannick Hornez invite deux de ses amis, le grand maître de la BD François Schuiten et son scénariste Benoît Peeters, pour une soirée baptisée « Des bulles au pays des bulles ». Leur conférence dans la salle gothique de la mairie de Douai est suivie d'une dégustation de champagne- « J'ai fait venir trois vignerons champenois indépendants, des gens d'exception »- et d'un souper dînatoire conçu par le chef douaisien Gonzague Coussement (lire p. X) . « Avec sa cuisine moléculaire, Gonzague nous a fait un repas plein d'humour et de créativité », note-t-il.
Un an plus tard, c'est le dessinateur François Boucq qui débarque à la librairie Brunet, place d'Armes, pour dédicacer ses albums au son jazzy des Espadrilles à moustache et déguster quelques bonnes bouteilles de Jo Pithon, vigneron dans le Val de Loire, un autre copain de Yannick Hornez. Ce dernier devrait voir sa renommée franchir rapidement les frontières du Douaisis puisque à partir de la mi-avril, il présentera une chronique hebdomadaire consacrée au « bien-manger » sur l'antenne de Wéo, la nouvelle chaîne de télévision régionale lancée par le groupe de presse La Voix du Nord. « Je veux montrer que bien manger, ça concerne tout le monde et que ça ne coûte pas forcément cher... » Au moment de tourner les premiers pilotes de sa chronique, Momo, vingt ans de piste derrière lui, avoue qu'il a tout de même un sacré trac : « Je vais faire quelque chose d'assez décalé. Après, ça passe ou ça casse...