CraCra
c'est
le clown blanc.

mOmO
c'est l'Auguste.

aujourd'hui BENOÎT BERNARD


L'ogre de la LAITERIE

À force d'aller voir ce qui se trame derrière les fourneaux, on se rend compte qu'il existe deux familles de chefs. D'un côté, il y a les introvertis, les timides qui s'expriment à travers leur cuisine et s'effacent en bafouillant quand on vient les interroger. De l'autre, il y a les « grandes gueules », qui fascinent autant par leurs plats que par leur présence, leur truculence et la façon dont ils font vivre leur établissement.
Sans conteste, Benoît Bernard fait partie de la seconde catégorie ! 34 ans, 1,90 m, 125 kilos : ce petit-fils spirituel de Fernand Point (dont le portrait géant orne la salle de la Laiterie) ne passe pas inaperçu avec ses dreadlocks, ses sabots et son inséparable berger des Flandres qui aime à vous balancer de grands coups de langue. Tonitruant avec son accent du Nord aussi puissant qu'un maroilles affiné à la bière, Benoît est du genre à faire du « rentre-dedans » sans langue de bois. Les notables de la région adorent ça. La Laiterie, située dans la banlieue chic de Lille, fait ainsi salle comble chaque soir, comme l'attestent les Jaguars et 4x4 sagement garés sur le parking.
Baroudeur passionné par l'Afrique autant que fêtard invétéré, Benoît a effectué trois tours du monde et cuisiné dans des endroits aussi improbables que Tora Bora, dans l'Est de l'Afghanistan. À Nice, le grand Dominique Le Stanc (La Merenda) lui a appris le secret du risotto et initié aux beautés de la cuisine populaire, à l'image de ses beignets de courgettes, de ses pâtes au pistou et de ses tripes gratinées au parmesan.
Fort de ces expériences sensorielles glanées aux quatre coins du monde, Benoît revient alors dans son Nord natal. C'est à Tourcoing, au bistrot Le 180, qu'il commence à faire parler de lui en proposant un stupéfiant menu à moins de 20 € : « Dans le Nord-Pas-de-Calais, on est obligé d'être accessible, sinon le public ne suit pas ! » nous explique-t-il en grognant. Ceux qui l'ont goûté, sont unanimes : « On n'avait jamais vu un hachis Parmentier aussi sublime ! Du jour au lendemain, ses œufs brouillés, sa fricassée de lapin et ses poêlées de thon ont prouvé qu'il y avait un grand chef , là, chez nous, dans une région surtout connue pour ses bières et ses frites ! »
Trois ans après sa reprise, La Laiterie est le restaurant « à la mode » dont « tout le monde parle ».
et bien oui, gros sac ! t'es l'meilleur.